Réflexion sur moi... et moi

J'ignore si j'ai le droit de remettre cette préférence de solitude sur le dos de l'âge. Il s'avère qu'avec le temps, j'accorde de plus en plus une meilleure affection aux moments où je me retrouve tout seul. Ces précieux rares instants où je dispose de tout mon être, corps et esprit. La liberté sans limite de laisser planer mes pensées sur les thèmes qui m'enchantent sans même exprès. Il m'arrive donc d'entamer un monologue à l'intérieur de moi. Et ce matin du 25 décembre 2022, une idée interrogatrice m'est venue lors de mon promenade en forêt domaniale de Sénart. Est ce le "moi" est unique? Si oui, comment peut on se parler, à qui s'adresse t-on? Sinon, qui est cet autre "moi"? Un sous-moi? Et combien de ces sous-moi peuvent exister? Du coup, n'y aura t-il pas logiquement d'autres "sous-moi" à "sous-moi"?


Quand une oeuvre artistique vibre en nous, c'est à dire ces moments inoubliables où un morceau musical, une peinture ou un poème résonnent en notre for intérieur. N'avons pas nous justement cette impression d'être d'une certaine  très proche de l'artiste? Nous les comprenons, sur les intriques d'une oeuvre littéraire, un sentiment à travers un lapse de temps de musique classique, pourtant sans parole. Et comment est ce possible? Comment surmonter ces barrières en temps et en espace? Peut on être dans deux dimensions à la fois? Ou alors ces différents moi doivent être confondus et forment un seul être tout en gardant chacun ses propres attributs?


Par conséquent de l'interrogation précédente, la question de la sédentarité du temps et de l'espace surgit naturellement. Est ce le temps stagne? Rien ne me semble pourtant plus élastique. Est ce l'espace est un ensemble indissociable? D'ailleurs, si j'emploie sans exprès le mot ensemble, cela signifie nécessairement dissociable. Un être à part entière n'est pas ensemble avec un autre. Quand mes mots écrits embrassent le papier, chaque mot qui sort "naturellement" est à la fois la conséquence du mot précédent et la cause du mot prochain. Le "moi" d'un instant précis détient un rapport avec le "moi" de l'instant précédent et celui d'après. Doit on les considérer en une seule unité? Si le "je" de l'instant d'avant n'est pas, il n'y aura pas ce "je" de l'instant présent. En même temps, ce "je" du présent n'est surement pas le "je" du passé.


Dans les moments de dilemme, nous nous positionnons en trois parties au moins, avec une condition que le dilemme se fasse entre deux choix. Chacun des deux "je" d'en face argumente pour un choix et le troisième tranchera au moment opportun, si "je" y arrive. Cela veut dire qu'il y a plusieurs "je" à la fois. Je suis scindé en plusieurs partie et chacune défend une partie du dilemme jusqu'à ce qu'un parmi eux réussisse à prendre le dessus, le moi dominant reprendra alors le dessus.


Sur le plan grammatical aussi, au sujet des verbes pronominaux, le pronom devant le verbe ne se désolidarise pas justement du sujet du verbe? Si je me pose une question, c'est que le "je" considère que le "me" peut contre-argumenter. Je discute avec moi-même. En mon cas personnel, il m'arrive littéralement de "me" poser des questions. J'ignore comment un neurologue ou un psychologue analyseraient la question. Cependant, quand je m'interroge, j'ai réellement deux parties intervenantes qui débattent pour en découdre. Qui est alors ce "se" dans la forme pronominale des verbes?


Et pour cloturer cette petite réflexion, il m'arrive souvent que je "me" souhaite bonne soirée en fin d'un écrit et cela ne "me" choque pas. Il m'arrive également de me détacher de mon corps et me voir en un autre être qui poursuit ses activités. Je me comprends parfaitement. Mais est ce que je me suis bien fait comprendre?