Réflexion sur jugement
Prenez deux minutes pour mettre au point le sujet avant d'entamer une discussion.
Le mot jugement est assez neutre de base. Non pas un jugement qui est neutre car il est obligatoirement subjectif et sa perception par son interlocuteur également. Il est neutre parce qu'un jugement en soi ne peut être considéré de bon ou mauvais que lorsqu'il atteint son cible.
Nous émettons en permanent des jugements. Est ce qu'un prix est à notre portée? Est ce qu'un produit est adéquat par rapport à nos besoins? Est ce qu'il faut sortir sans parapluie? Est ce que le feu vert me laisse encore le temps d'arriver au carrefour et traverser sans risque? etc. Quand ces jugements sont émis pour nous même, nous assumons les conséquences. De toutes les manières, nous n'aurons pas de choix non plus. Une machine que nous achetons trop chère parce que nous avons vu ailleurs moins chère. Si nous pouvons encore demander un remboursement et aller acheter ailleurs, tant mieux, sinon à qui nous en voudrons?
Quand nous disons que nous n'apprécions pas des jugements, nous faisons allusion à des jugements difficilement justifiables. Si quelqu'un nous traite de grincheux, radin, sceptique par exemple. Ne serait ce que ce soit sous un ton de rigolade et de la part d'un ami, je pense que nous préférons largement des approbations ou compliment.
Alors, qu'est ce qui nous pose problème? ce sont des critères qui permettent d'émettre des jugements. Même les plus subtils, il nous en faut pour juger. Et souvent derrière les désaccords, se trouvent des critères qui ne concordent pas. Un mari qui rentre à la maison après une journée de travail acharné et retrouve son épouse qui en a trimé pas moins. Face à des vaisselles qui trainent dans le lavabo, des devoirs des enfants qui ne sont toujours pas faits encore, les linges qui attendent être tendus, les deux n'ont pas forcément assez d'énergie pour s'y coller. Si l'un dit, "oh mais je suis fatigué". Alors le souci commence. "Et moi donc? je n'ai peut être pas bossé dans la journée?" Est ce vrai que les deux ont connu une journée périlleuse? la réponse est oui. Est ce que le fait que l'un dit qu'il est fatigué laisserait entendre que l'autre n'a pas le droit de l'être? non. Et pourtant, on se sentirait reprocher, critiquer.
Imaginons qu'un client appelle un magasin d'accessoire d'automobile pour savoir le prix pour changer ses pneus. Le vendeur n'aura pas d'autre choix que de poser d'abord certaines questions. La taille et modèle de véhicule, le prix que le client souhaiterait mettre etc. Sans ces dernières informations, le vendeur le plus impliqué du monde ne pourra pas y répondre constructivement. Les deux parties ne peuvent s'entendre que s'ils parlent le même "langage". Ce code communicatif est la base de tout échange. Il contient à la fois les même moyens de communication et les même repères.
Une vielle histoire raconte un poulain qui s'apprete à traverser une rivière. N'étant pas sûr s'il y parvient sain et sauf, il est allé demander l'avis d'une vache à côté. cette dernière lui répond que rien ne serait plus facile puisque l'eau n'arrive qu'à peine à ses genoux. Afin d'être sûr et certain, il est aussi allé se renseigner auprès d'un écureuil qui lui répond qu'il ne faut surtout pas tenter puis qu'il a un ami qui en est péri. La vache et l'écureuil ont tous dit la vérité, mais pas avec les même repères. Moral de l'histoire, il faut être sûr des critères ainsi que leurs justifiabilités avant de rentrer dans une discussion. Il est tout aussi important d'être sûr de la compréhension du sujet de discussion. Sinon toute tentative de persuasion ne peut être que vaine.