漂流瓶 / Une bouteille à la dérive

又是暑假,回家,回国省亲的日子。奇怪的是原本没理由不极其欢喜的日子,现如今竟然变成无论如何也提不起往日的劲头来。大相径庭于早些年回国时那兴致盎然且急不可耐来。仔细思忖,甚至心底深处还有着那么些个惴惴不安跟七上八下的感觉。于是在机场等待的档口,拿出写字板看看自己能不能用手中的笔来抽丝剥茧,理顺这份复杂跟纠结。

C’est encore les vacances d’été, le moment de de retourner au pays et se ressourcer au sein de la famille. Ce qui est étrange, c’est que ce jour, qui n’avait aucune raison de ne pas être particulièrement réjouissant, ne semble plus susciter le même enthousiasme qu’auparavant. Cela contraste fortement avec l’excitation et l’impatience des premières années où je rentrais au pays. En y réfléchissant bien, je ressens même au fond de moi une certaine inquiétude, une nervosité grandissante. Ainsi, dans la périlleuse et inconfortable attente à l’aéroport, je sors mon carnet pour voir si je peux, à l’aide de mon stylo, démêler et clarifier ces sentiments complexes et contradictoires.

先仔细回忆从前回国的时候,为什么好多天前,甚至是从开始筹措订机票开始心里就冒出毛茸茸的草来。开始忙不迭的罗列所有需要准备带回去跟带回来的东西,给亲朋好友的各种小礼物,给父母添置几件虽说价格并不昂贵但是聊表寸心的衣服。虽然预算还只是停留在留学生的可以承受的范围,但是还是会认认真真地去商场找寻自己认为穿在爸爸妈妈身上会让二老开心的款式。当然在筹备这些的同时,心里也开始盘算着回家之后如何犒劳自己委屈很久的味蕾。千禧年的时候国际物流还没有那么发达,在欧洲留学充其量也就是买到些国内的调料而已,并且种类并不丰富,再加上自己的手艺平平,想吃到老家的味道是毫无可能的。尤其是第一次回国的时候,那是来法国三年多之后的第一次返乡,勤工俭学了三年,为自己支付学习法语阶段的各种衣食住行,几乎就是入仅敷出而已,略有盈余还要顾及接下来注册大学没有办法做全工的情况。那时的机票价格在当时的自己看来颇为不菲,后来才知道那还只是最低点而已。简而言之,行程本身的费用对于那时的我来说已然是很奢侈的支出了。多年以后,那时因为费用而舍不得轻易往返的决定便成了后来灾难性的心里坍塌的伏笔。想一想那时的“再拼一下,再等一等”竟然就是如此残忍的变成悔不当初。

Je me remémore d’abord mes précédents retours au pays, où, plusieurs jours à l’avance, voire dès que je commençais à organiser la réservation du billet d’avion, une sorte d’excitation naissait en moi, comme de l’herbe folle qui pousse. Je me précipitais alors à dresser une liste de tout ce qu’il fallait préparer à emporter et à ramener : de petits cadeaux pour les amis et la famille, quelques vêtements pour mes parents, qui, bien que n’étant pas très coûteux, témoignaient de mes attentions. Même si mon budget restait dans les limites supportables pour un étudiant étranger, je prenais tout de même le temps de chiner sérieusement en magasin des modèles que je pensais voir sur mes parents, et qui les rendraient heureux. Bien sûr, tout en préparant ces choses, je réfléchissais aussi à la façon dont j’allais satisfaire mes papilles longtemps frustrées une fois rentré à la maison. Au début des années 2000, la logistique internationale n’était pas aussi développée qu’aujourd’hui. Étudier en Europe signifiait tout au plus pouvoir acheter quelques condiments chinois, encore le choix était très limité. En plus, avec mes talents culinaires modestes, il était impossible de retrouver le goût de chez moi. Je me souviens particulièrement de mon premier retour au pays, après plus de trois ans passés en France. J’avais travaillé dur pendant ces trois ans pour financer mes études de français, couvrant à peine mes frais de subsistance. Avec le peu d’économies que j’avais, je devais également penser à la période où je m’inscrirais à l’université et où je ne pourrais pas travailler à plein temps. À l’époque, le prix du billet d’avion me paraissait déjà assez élevé, même si j’ai appris plus tard que ce n’était qu’un des tarifs les plus bas. En bref, pour moi, ce voyage était déjà une dépense très luxueuse. Des années plus tard, cette décision de ne pas faire des allers-retours fréquents en raison des coûts devint la prémisse d’un effondrement psychologique catastrophique. Quand j’y repense, ce “continue encore un peu, attends encore un peu” a fini par se transformer en un regret si amer, un remord cruellement irréparable.

跟很多出国留学的朋友聊天的时候大家都几乎有这个感觉,就是在我们的心中我们的父母就一直停留在我们出国时他们的状态。就我而言我出国的时候父母才刚五十岁上下,换句话说大概也就比落笔今天的我略长些许,而那年的我,二十三岁。也正因如此,费用跟心理的默认值,我一而再,再而三的拖延行程。再后来的日子里,学业顺利结束开始步入职场,手头开始宽裕了一点。可刚刚开始进入工作状态,身上背负着当时的自己自认尤为重要的责任,加上爸爸妈妈都还年轻,就算没有到三年一次程度,可是还是远不如后来到学弟学妹们那样年年往返的频率。每次返乡却也雀跃,既可以再次亲眼看见祖国的山河,更可以大快朵颐的品尝妈妈的手艺。当然首当其冲的还是只要回到妈妈身边,就可以肆无忌惮的当自己是个孩子。就如同二零零九年的时候,大女儿还不到两岁,妈妈也是第一次亲眼看见孙女,不禁疼爱有加。即便所有人都因为她的降生而自然升级一辈,可心底里就还是不自觉的可以差不多坦然的当自己是孩子。那一个不容辩驳的理由就是,妈在,我不是孩子又是什么? 转眼到了一三年的时分,迎来了我人生的一峰一谷。那一峰便是在漂泊海外十几年,兜兜转转之后终于卷起裤脚跳进商海,跟好友一起经营一家规模还算可观的亚洲融合菜餐厅。从项目伊始就因为投入的巨大以及自己在餐饮行业里绝对小白状态而压力陡增,左支右绌。不大谦逊的说,当时凭借的无非是自己还算年轻肯吃苦,学习能力也还算在线,当然还有老天爷的眷顾跟合伙人的包容,客人络绎不绝,生意也算的上相当红红火火。当然代价也是颇为可观的,几乎全日制满勤,每天只睡那么可怜的一丢丢时间。开业一个月瘦了十几公斤,在店里因为低糖昏倒了数次,创下最高连续四餐未进的个人纪录。收入固然可观,代价也自然不菲。 虽然那时的我还无法想象后来让我负债终身的代价尚未到来。

En discutant avec beaucoup d’amis qui ont également étudié à l’étranger, nous avons presque tous ce même ressenti : dans notre esprit, nos parents restent figés dans l’état où ils étaient au moment de notre départ. En ce qui me concerne, mes parents avaient tout juste cinquante ans quand je suis parti à l’étranger. Autrement dit, ils étaient à peine plus âgés que moi aujourd’hui, à l’âge où j’écris ces lignes. À cette époque, j’avais vingt-trois ans. C’est précisément à cause de ces considérations financières et d’une sorte de présupposition mentale que j’ai continuellement repoussé mon retour.

Par la suite, mes études se sont bien déroulées, et j’ai commencé à entrer dans la vie professionnelle, avec un peu plus de confort financier. Mais à peine avais-je entamé ma carrière que je portais déjà sur mes épaules ce que je croyais alors naïvement comme des responsabilités particulièrement importantes. De plus, mes parents étaient encore jeunes. Même si ce n'était plus tous les trois ans, c’était loin de correspondre à la fréquence annuelle des allers-retours de mes cadets plus jeunes.

À chaque retour au pays, je ressens toujours une grande excitation, non seulement parce que je peux à nouveau admirer de mes propres yeux les paysages de ma patrie, mais aussi parce que je peux me régaler des plats préparés par ma mère. Bien sûr, ce qui prime avant tout, c’est qu’en revenant auprès d'elle, je peux me permettre de redevenir un enfant sans réserve. Comme en 2009, lorsque ma fille aînée n’avait pas encore deux ans, et que c’était la première fois que ma mère voyait sa petite-fille. Elle l’a immédiatement couverte d’affection. Même si, avec sa naissance, tout le monde avait automatiquement pris un rang dans la famille, au fond de moi, je pouvais toujours me considérer comme un enfant, presque sans réfléchir. La raison évidente et incontestable étant : tant que ma mère est là, comment pourrais-je ne pas me considérer comme un enfant ?

Puis vint 2013, une année marquante de ma vie, une année de haut et de bas. Le sommet fut le moment où, après plus de dix ans à l’étranger, à tenter des choses à droite et à gauche, j’ai enfin sauté à pieds joints dans le monde des affaires, en co-fondant avec une amie un restaurant de cuisine fusion asiatique de taille peu négligeable. Dès le début, l’énorme investissement et mon inexpérience totale dans le secteur de la restauration m’ont soumis à une pression suffocante. Je devais jongler avec de nombreux défis. Sans vouloir paraître trop modeste, je me suis appuyé sur ma jeunesse, ma capacité à travailler dur, mon aptitude à apprendre rapidement, et bien sûr, sur un peu de chance et la tolérance de mes partenaires. Les clients affluaient et les affaires étaient florissantes. Toutefois, les sacrifices étaient considérables : je travaillais à plein temps, quasiment sans répit, et ne dormais que quelques heures par nuit. En un mois, j’avais perdu plus d'une dizaine de kilos et je m’étais évanoui plusieurs fois dans le restaurant à cause de l’hypoglycémie, battant même mon propre record de rester sans manger pendant quatre repas consécutifs. Certes, les revenus étaient intéressants, mais les coûts étaient eux aussi élevés. Sauf que je ne savais pas à encore qu'à cette époque que le pire coût, celui qui m’endetterait à vie, n’était pas encore arrivé.

在法国拼杀了十余载之后,心里始终琢磨着想要街父母来看看儿子在法兰西一点一滴垒砌起来了小窝。可终究是事与愿违,他们的来法签证一而再再而三的遭到无理由拒签。就在所有人都在开始因为无能为力而准备彻底放弃的时候,老天竟然恶作剧般地让签证申请获批了。不晓得是不巧还是老天一早的筹划,他们的短期签证刚好跟我这家店的筹备期完美重合。那时的我每天都无一例外的忙到几近癫狂,每每在快到家的时候打电话告诉妈妈,而她自然任劳任怨地保证我进门就可以吃到热乎乎的饭菜,吃饱喝足我都是一抹嘴便躺下打个小盹儿便又风风火火的一骑绝尘而去,再到进家门就是凌晨午夜时分,日复一日。所幸在极个别的半天休息带爸爸妈妈去看了铁塔等几个最基本款的经典。我们妈妈在铁塔前的草地上的照片至今也还在我钱包的夹层里。那时的我仿佛潜意识里还以为他们还一时不会老去,我可以随意依靠,肆无忌惮。可事与愿违,在我那火透了半边天的店里,我的爸爸妈妈竟然没有享受过一餐便签证到期回国了。机场送别时,固然心里酸楚,甚至还告诉自己以后一定好好报答他们,让他们常来法国便是了。就这样,老天见我执迷不悟,意识到是该给我一个迎头棒喝的教训的时候了。

Après plus de dix années de dur labeur en France, j’avais toujours l’espoir secret de faire venir mes parents pour qu’ils puissent voir, de leurs propres yeux, le petit nid que j’avais patiemment construit en France. Or, malgré tout notre enthousiasme, leurs demandes de visa ont été systématiquement refusées sans raison à plusieurs reprises. Alors que tout le monde commençait à se résigner face à l’impuissance de la situation, le destin a décidé, d’une manière presque ironique, de faire approuver leur demande de visa. Je ne sais pas si c’était une coïncidence ou un plan de longue date du destin, mais leur visa de courte durée coïncidait parfaitement avec la période de préparation de mon restaurant. À ce moment-là, j’étais presque fou de travail, chaque jour sans exception. À l’approche de la maison, j’appelais ma mère pour lui dire que j’étais sur le chemin du retour, et elle, inlassable et dévouée, me garantissait que, dès que je franchirais la porte, un repas chaud m’attendrait. Après avoir mangé à ma faim, je faisais une petite sieste avant de repartir en trombe, pour ne revenir à la maison qu’à minuit passé, jour après jour. Heureusement, pendant les rares demi-journées de repos, j’ai pu emmener mes parents voir la Tour Eiffel et quelques autres sites classiques incontournables. La photo de ma mère sur la pelouse devant la Tour Eiffel est encore aujourd’hui glissée dans une poche de mon portefeuille.

À l’époque, je pensais inconsciemment encore qu’ils ne vieilliraient pas de sitôt, que je pouvais m’appuyer sur eux en toute insouciance. Mais la réalité m’a vite rattrapé. Dans ce restaurant qui faisait fureur à l’époque, mes parents n’ont même pas eu l’occasion de profiter d’un seul repas avant de repartir, leur visa arrivant à expiration. Lors de notre adieu à l’aéroport, j’avais le cœur serré et je me suis même promis de leur rendre hommage un jour en les faisant venir régulièrement en France. C’est alors que le destin, me voyant obstiné et inconscient, a décidé qu’il était temps de me donner une leçon bien méritée.

转过年来,小女儿出生,我因为忙的脱不开身,她都不很喜欢让我抱甚至会大哭,俨然我这个爸爸就是一个陌生人。八月的时候,突然接到姐姐的电话,妈妈的状态非常不好,我知道姐姐也对我照顾有加,更是一直像独生女一样在无微不至的照顾着我们共同的爹妈。要强的她不到万不得已是绝对不会让我专门回国的。我立马失魂落魄的飞奔回国,在妈妈的病榻前陪妈妈,仿佛可以弥补自己从九五年上大学就离开老家,像一个蒲公英一样飘来飘去的所有亏欠。一个多星期之后,妈妈用生命给我上了最后一课,让我把那句子欲养而亲不待变成心底最深处最害怕触碰的,永远都不会痊愈闭合的伤口。时间真的无法治愈一切,起码在死别这件事上毫无任何可能的无能为力,尽显颓然。时间能做到的最多无非是让你逐渐学会将那份伤痛从低头可见的地方转移到相对不是那么显眼,只有自己一个人在夜深人静的时候才敢偷偷触碰的地方,即便如此,每次轻触都还是痛彻心扉。

L’année suivante, ma fille cadette est née. J’étais tellement pris par mon travail que, quand je voulais la prendre dans mes bras, elle ne me reconnaissait pas et se mettait à pleurer, comme si j’étais un étranger. En août, j’ai reçu un appel soudain de ma sœur, m’informant que l’état de ma mère s’était gravement détérioré. Je savais que ma sœur, toujours très attentionnée envers moi, prenait soin de nos parents avec la même dévotion que si elle était fille unique. Elle est très forte et ne m’aurait jamais demandé de revenir si ce n’était absolument nécessaire. J’ai immédiatement pris l’avion pour rentrer, le cœur brisé, et je suis resté au chevet de ma mère, essayant de compenser toutes ces années où, depuis 1995, je n’avais cessé de quitter notre foyer, flottant comme un pissenlit d’un endroit à l’autre.

Un peu plus d’une semaine plus tard, ma mère m’a donné sa dernière leçon de vie, celle qui a transformé la phrase “lorsqu’on veut enfin prendre soin de ses parents, il est d'ores et déjà trop tard” en la cicatrice la plus profonde et la plus douloureuse de mon cœur, une blessure qui ne guérira jamais. Le temps n’a absolument pas le pouvoir de guérir toutes les blessures, du moins pas celles causées par la perte d’un être cher. Il ne fait que mettre en lumière notre impuissance la plus totale. Au mieux, le temps peut vous apprendre à déplacer cette douleur, de la rendre moins visible, la reléguant dans un coin de votre esprit que vous n’osez toucher que dans les moments de solitude nocturne. Pourtant, même alors, chaque fois que vous y pensez, la douleur reste tout aussi vive et déchirante.

自从妈妈离开,去往另外一个我甚至连是否真的存在都不确定的地方,祖国跟家这些个字眼就仿佛一下子失去了原本该有的温度。原本在心里这两个词汇都是无比的生动,鲜活,祖国是五彩缤纷的大好河山,故乡的一草一木都在叶脉中间流淌着刻满儿时记忆的汁液。至于家的概念更是非同寻常,仿佛是一道色香味俱全的菜肴,色是明亮的暖色,香气是恰如其分的勾动味蕾却丝毫不浮夸,味道是那种无论怎样的疲乏困倦,只要嗅到一丝便可以恢复个七七八八的味道。整个概念就是无比的亲和。妈妈亲手烹饪的饭菜,就算食材没有任何广义的高级,却比我去过的任何一个国家的任何美食都更无法取代。它可以易如反掌的满足我所有需要的精神营养,慢慢升腾的烟火气里所有分子都刻着“家”这个字。家是妈妈浆洗过的被褥,上面轻轻涂着一层童年的阳光。家是阳光洒满的午后房间,躺在里面的人每一根在外拼搏绷紧的神经都可以暂时松弛。家是妈妈身上的味道,让每个匆忙长大的成人都可以在一秒中间露出傻傻的微笑,闭上眼睛,脑海一片舒服的留白。没有了妈妈的存在,生命仿佛过了至高点的过山车, 暴露在阳光下太久的颜色,一切都在加速飞过,慢慢退却色彩。从此每次再返乡,虽然说不上是不开心,只是那份感觉就越来越归于普通,跟我所有途径的景色大致无二了。再看见家乡的草木,某些原本熟悉的建筑物,就仿佛谈及任何一个记忆深处的事物,情感是有的,却不是那么热烈了。

Depuis que ma mère est partie, pour un autre endroit dont je ne suis même pas certain de l’existence, les mots ‘patrie’ et ‘maison’ semblent soudain avoir perdu la chaleur qu’ils incarnaient autrefois. Ces deux mots étaient autrefois si vivants et pleins de sens. La patrie, c’était les paysages magnifiques et colorés ; chaque brin d’herbe de ma ville natale était empreint des souvenirs de mon enfance, comme s’ils coulaient dans mes veines. Quant à la maison, c’était bien plus qu’un simple lieu. C’était comme un plat savoureux et complet : la couleur était d’un ton chaud et lumineux, l’odeur était subtile, éveillant les papilles sans jamais être trop forte, et le goût était de ceux qui, peu importe à quel point j’étais fatigué ou épuisé, me redonnait de l’énergie au moindre souffle. La maison était un synonyme empreint de douceur et de chaleur.

Les repas préparés par ma mère, même sans ingrédients particulièrement raffinés, surpassaient de loin toutes les cuisines des pays que j’ai pu visiter. Ils comblaient sans effort tous mes besoins émotionnels et spirituels. Chaque molécule de l’odeur qui se dégageait de la cuisine portait en elle le mot ‘maison’. La maison, c’était les draps que ma mère avait lavés, imprégnés de la lumière du soleil de mon enfance. C’était la pièce inondée de soleil un après-midi, où chaque nerf tendu par les combats du quotidien pouvait enfin se détendre. La maison, c’était l’odeur d'une mère, capable de faire sourire bêtement n’importe quel adulte trop vite grandi, le plongeant dans un bien-être profond, où l’esprit se vidait de toutes pensées.

Sans ma mère, ma vie ressemble à des montagnes russes qui ont dépassé leur point culminant. Exposées trop longtemps au soleil, les couleurs s’estompent, et tout semble s’accélérer, perdant progressivement de sa vivacité. Depuis, à chaque retour au pays, bien que je ne puisse pas dire que je sois malheureux, cette sensation devient de plus en plus ordinaire, presque banale, comme si ce que je voyais n’était plus différent des autres paysages que j’ai traversés. Lorsque je regarde les arbres et les bâtiments familiers de ma ville natale, c’est comme évoquer des souvenirs enfouis dans les profondeurs de ma mémoire : l’émotion est là, mais elle n’est plus aussi vive.

在接下来的日子里,从浅浅的近乡情怯发展成一种忐忑不安的惶恐。而且那种仓皇的感觉就像是做了错事,却又不知如何弥补。仿佛不经意间伤害了我们很在乎的人或者事物,我明明没做什么对不起良心的事情却想要说声言不由衷的对不起。某个原本拴着游子的心的联系日益淡却,变得逐渐淡薄甚至几近透明。那个原本刚好在陌生感跟归属感中间的标尺越来越偏向于我所不希望的一端。我也不知道是因为离开故土太久,还是妈妈的离去过于仓促,总之现下每次回到家乡,坐在车里朝窗外看去的时候,那幅原本被叫做家乡的画每一笔似乎都透露出了违和感。不是颜色不对,不是光线不对,不是篇幅不对,不对的是一种感觉。这感情很难被用简单的文字描述,而且不令人生厌。就像一只飞着飞着睡着了的风筝,某一天突然睁开眼睛,那根线断掉了,眼前的一切都不是记忆中间的样子。如果这样那风停的那一刻,挂在哪棵树上还有什么本质上的区别。街头巷尾熙熙攘攘的人头攒动似乎都面无表情。就算闭上眼睛,抬头看那个貌似跟童年没有太大区别的日头,却感觉不到太多拥我入怀的温度了。我从此变成了一个很大的漂流瓶,里面装满了各种记录了过往的纸条,却连自己也不知道会搁浅在哪一处沙滩。也许会因为一次原本轻微的磕碰出现裂缝,一路下沉,去一个阳光照不到的海底深处休息吧?

Dans les jours qui suivirent, ce léger sentiment de nervosité à l’idée de rentrer chez moi se transforma en une angoisse profonde et croissante. Ce sentiment de panique ressemblait à celui que l’on ressent après avoir commis une erreur, sans savoir comment la réparer. Comme si, sans m’en rendre compte, j’avais blessé quelque chose ou quelqu’un qui comptait beaucoup pour moi. Même si je n’avais rien fait pour trahir ma conscience, j’avais envie de dire des excuses qui n’auraient pourtant pas été sincères. Le lien qui rattachait autrefois mon cœur d’exilé à ma terre natale s’effaçait de plus en plus, devenant si mince qu’il en paraissait presque invisible. Ce repère, autrefois équilibré entre l’étrangeté et le sentiment d’appartenance, penchait désormais du côté que je redoutais terriblement.

Je ne sais pas si c’est parce que je suis parti trop longtemps ou si c’est le départ soudain de ma mère qui a provoqué cela. Quoi qu’il en soit, désormais, à chaque fois que je rentre dans ma ville natale, lorsque je regarde par la fenêtre de la voiture, ce paysage autrefois appelé ‘chez moi’ semble correspondre à un certain malaise. Ce n’est ni la couleur, ni la lumière, ni l’étendue qui est en cause, mais une sensation difficile à décrire. Ce sentiment ne suscite pas de dégoût, mais c’est comme si quelque chose avait perdu son harmonie.

C’est un peu comme un cerf-volant qui, en planant, s’endormirait doucement, pour se réveiller soudainement un jour et constater que le fils qui le liait au sol s’était brisée. Tout ce qu’il voit autour de lui ne ressemble plus à ses souvenirs. Si c’est ainsi, qu’est-ce que cela change vraiment, sur quel arbre ce cerf-volant finira par s’accrocher lorsque le vent tombera ? Les rues, autrefois animées par la foule, me semblent désormais peuplées de visages sans expression. Même en fermant les yeux et en levant la tête pour regarder ce soleil qui, en apparence, n’a pas beaucoup changé depuis mon enfance, je n’arrive plus à ressentir cette chaleur qui autrefois me berçait.

Je suis devenu une sorte de grande bouteille à la dérive en mer, remplie de bouts de papiers qui racontent mon passé, sans savoir sur quelle plage je vais finir par m’échouer. Peut-être qu’un jour, à cause d’une petite fissure survenue après un léger choc, je commencerai à couler, pour me reposer au fond de l’océan, dans un endroit où le soleil n’atteint jamais.


今天是二零二四年九月二十日,在苦苦等待论文结果的时候,为了减缓不安跟焦躁着手誊写今年七月二十三日回国时写的一篇大体类似于日记的文字。写的那天是大晴天,今天是阴雨连绵的日子。