新文盲时代 Neo-Analphabétisme

Le mot « analphabète » se traduit historiquement en chinois « wen mang » wen, qui signifie culture ou langue selon contexte. Et Mang signifie littéralement aveugle ou en allongeant le sens, handicapé. En résumé, une personne qui ne sait pas du tout ou peu lire et écrire. Et bien entendu, il s’agit d’un gros handicap pour vivre de façon autonome dans cette vie moderne où les diplômes d’études supérieures peinent à trouver un emploi digne des années d’effort. En fait, la réflexion doit aller bien plus loin, car non seulement ces gens là sont beaucoup moins nombre mais aussi d’autres formes se développent.

Au moment de la fondation de la Chine populaire en 1949, 80% de population étaient analphabètes. C’est à dire, 400 millions sur 500. Dans certaines zones rurales, ce taux peut atteindre les 95%. Dans les années 60, sur une base de 723 millions, ce taux est descendu à 52%. Dans les années 70, sur 100 millions, plus que 25%, et entre 30-40%, ce sont des jeunes. En l’an 2000, sur 1,34 milliard, environs 4% le sont encore.

Avec le développement de média, source d’information, et le système d’éducation primaire et secondaire obligatoires de plus en plus bien mis en place, je n’ai aucun mal à imaginer que ce triste phénomène historique disparaitra (presque) totalement sous peu.

En nov. 1953, le gouvernement chinois dont la comité dédié à balayer l’analphabétisme a sorti les standards. Ceux qui connaissent en dessous de 500 sinogrammes sont considérés comme analphabètes. Entre 500 et 1000, c’est considéré comme « semi-analphabètes ».

La standardisation (homogénéiser, uniformiser et simplifier) des sinogrammes a commencé depuis la nuit des temps. Selon les archives, 200 avant JC, lors de l’époque de Qin, il y a déjà des démarches dans ce sens afin de mettre les différents « pays » d’accord et faciliter les communications. Et ce processus a toujours plus ou moins accompagné l’histoire de la Chine depuis.

La prochaine date importante arrive en 19ème siècle. Une grande quantité de sinogrammes simplifiés a été recensée et apparaissaient dans les livres imprimés. Le gouvernement éphémère Taiping Tianguo a légaliser pour la première fois les caractères simplifiés.

En 1922, un grand savant M. Qian Xuantong a proposé huit règles de simplification:

  • Jiajie: remplacer par un homophone ou similaire.
  • Xingsheng(Pictophonogramme): simplifier les radicaux.
  • Calligraphie Cao par Kai
  • Tezheng(spécificité des radicaux): à garder juste le radical le plus représentatif.
  • Lunkuo (le contour): à garder juste le contour (le radical extérieur d’un sinogramme)
  • Huiyi: avec la théorie sémantique, remplacer les parties complexes par des « composants »sémantiques simplifiés.
  • Fuhao: remplacer les parties complexes par des symboles simples
  • Pianpang (radicaux): remplacer chaque partie par des radicaux simples.

En octobre 1949, l’association de réforme des caractères est fondée.

En 1951, la première version des caractères simplifiés a connu le jour.

En 2013, la liste des caractères courants recense 6500 sinogrammes.

Dans le cadre historique, il y a une portée assez importante, tenant compte de l’urgence. Il était impérativement nécessaire que le peuple chinois, après successivement la deuxième guerre mondiale et civile, soit le plus rapidement possible capable à lire et écrire. Certe, personnellement, j’observe bien plus de beauté en caractère compliqué (avant la simplification). De toutes façons, je suis totalement d’accord qu’il n’y a pas de sens à faire machine arrière. Il sera littéralement trop « compliqué ». Et je suis bien content que la grande majorité du peuple chinois savent lire et écrire convenablement aujourd’hui. Cet accès aux informations et à la culture est primordial pour le bien être du peuple. La simplification des caractères y contribue indéniablement. Ceci étant, si c’était à refaire, j’aurais voté pour une façon moins radicale, c’est à lire, à laisser les deux systèmes au moins. Taiwan a bien su garder les caractères compliqués jusqu’à aujourd’hui.

Il va de soi également que je ne suis pas là pour donner l’alerte pour la dégradation moderne en écriture et lecture. Bien que ce soit un phénomène mondial qu’avec le développement des technologies et la démocratisation des objets intelligents tels que nos téléphones et ordinateurs, sans citer encore le grand bond en avant de l’IA. Nous écrivons au sens propre, de moins en moins. Et nous somme de plus en plus assistés en écriture et lecture par l’IA. Il n’est presque plus un problème que nous ne sachions pas écrire ou lire correctement sur le plan grammatical car il y tellement d’outils à notre porter pour palier ces soucis. Tels que des auto corrections, saisie automatique, traduction automatique, dictionnaire spontané, etc. Ce qui donne une population qui confond sans cesse, entre le Ses et Ces, Sa et ça etc.

En résumé, je ne suis pas ici pour inciter davantage de manuscrit ou lecture (ce n’est pas l’envie qui me manque pourtant). J’aimerais attirer votre attention sur les différentes formes de néo-analphabétisme qui n’a plus que le nom qui reste de son origine.

« Analphabète » signifie qui ne sait ni lire ni écrire. Autant dire qu’il y en a de moins en moins. Si vraiment y’a un mot ou plusieurs que nous ne connaissons pas, clique droit ou double clique sur le mot sur l’écran, il se passe souvent des choses miraculeuses. Au pire, ce sera un illettré partiel, (une personne qui est partiellement ou complètement incapable, ou au sens courant une personne peu ou pas cultivée, et que signifie cultivé déjà? ).

Mon attention se porte sur l’incapacité à se procurer des bonnes réponses ou plus grave encore, s’entêter ou s’ancrer sur sa position sans vouloir rien entendre d’autres que ce qu’il sait ou croit savoir déjà. Ce en dépit des magnifiques outils virtuels disponibles.

La démocratisation de l’internet donne un grand avantage dans les recherches d’information. Le monde entier s’expose d’un coup totalement ou partiellement devant nous. Nous pouvons savoir tellement de chose sans même quitter notre fauteuil. Néanmoins, plusieurs phénomènes existent encore et toujours.

  1. Comment poser sa question à une machine ou internet pour obtenir sa réponse? Vous remarquerez que ce n’est pas toujours aisé, malgré l’avancement phénoménal de l’IA.
  2. Admettons que nous avons eu une réponse qui semble nous convenir. Comment vérifier si elle est authentique et vraie?
  3. En cas de doute, comment, où vérifier?
  4. Et pourquoi je ne peux pas me contenter de dire que si l’internet le dit, c’est sûrement vrai? N’entendons pas souvent, « j’ai vu sur internet que », « un compte très connu a dit que ».
  5. Plus hallucinant encore, si un jour, sous un cyber-attaque ou une simple coupure d’électricité, nous n’avons plus d’internet. Comment se procurer une réponse?

Voilà à mon sens ce à quoi consiste le néo-analphabétisme, qui a perdu son sens antique « ne sait pas lire ni A ni B » mais prend une forme moderne. En résumé, il sera:

  • Soit, je ne sais pas comment trouver une information, ni comment vérifier s’il s’agit d’une bonne information par rapport à ma question.
  • Soit, je me contente du premier article que Mme Google ou autres moteurs de recherches m’ont fourni. Et d’en prendre comme de l’argent comptant.
  • Soit, se contenter d’un article lu en cinq minutes pour prétendre une positon d’expert et refuse d’aller plus loin.
  • Ou encore, sous prétexte divers, à se dire j’ai tout compris et j’ai pas besoin d’autres connaissance. Un analphabète fonctionnel qui devient hermétique aux nouvelles connaissances.

Ces symptômes modernes sont sensiblement coriaces et difficilement curables. Car non seulement nous nous imprégnons dans un monde rempli d’information rapide, mais aussi nous menons souvent une vie moderne à rythme élevé. Nous faisons face souvent à la fameuse question « comment tu veux que j’aies encore du temps après une grosse journée de travail ? ».

Pour cela, il faut que nous sachions clairement deux choses:

  • Malgré tout le progrès scientifique, nous ne saurons jamais tout. Car plus nous savons des réponses, plus encore nous aurons d’autres question. Surtout en tant qu’individu, nous n’avons pas la capacité et énergie pour tout lire, tout comprendre, tout savoir.
  • Nous pouvons et devons savoir plus. Pas revenir dans la ligne précédente à vouloir tout savoir mais dans le sens prendre son temps à bien comprendre. Bien qu’il ne soit pas grave ne ne pas tout savoir, il est important de se poser des questions essentielles et chercher à y répondre.
  • Nous pouvons et devons ralentir, ne pas courir derrière des objectifs superficiels mais revenir sur les sujets essentiels. La vie est si courte, et nous n’aurons pas le temps de tout savoir. Autant d’économiser son énergie sur les interrogations essentielles et prendre son temps d’apprécier le passage. Pour quoi se précipiter pour raccourcir ce passage suffisamment éphémère déjà?


En résumé, de nos jours il doit exister malheureusement encore les trois catégories de WenMang:

  • Ce qui ne sait pas, ou peu lire et écrire. Autant dire rare.
  • Ce qui ne sait pas comment trouver efficacement une réponse en cas besoin.
  • Ce qui refuse de s’instruire parce que soit il pense tout savoir, soit pour une raison objectivement subjective (âge, langue, moyen ou autre). Objectivement car ces aspects sont indéniable par un tiers, subjective parce qu’ils ne sont pas insurmontable. Et encore faut il qu’une personne se rende compte de son manque avant de penser à le combler.

Maintenant le problématique est soulevé, quelles en sont les solutions? Notre système d’éducation actuel peut résoudre en grande partie la première catégorie et certainement rien à faire pour le reste. D’autant plus que l’environnement général n’encourage absolument pas à ce que les gens ralentissent et se posent pour s’interroger. Cette fois ci, c’est moi qui n’ai pas de réponse et ne sais pas dans l’immédiat où la trouver. J’aurais bien aimé vous fournir une réponse bateau, comme l’éducation ou la connaissance. Pour l’éducation, celle qui est en place n’y peut rien car dans les pays développés, nous voulons que les enfants retiennent des bonnes réponses et non pas une acquisition de savoir trouver la réponse. Quant à la connaissance, encore une fois, nous ne pouvons en rendre compte que si nous avons une base cognitive solide.