Loisir ou délassement
Ce qui m’a incité à rédiger ce texte était un constat sur à quoi est consacré le temps libre des enfants. Je ne suis certainement pas contre l’idée du progrès, surtout dans le domaine informatique. La facilité d’accès aux informations est sans aucun doute appréciable. L’égalité d’accès aux informations fait partie de la base d’une démocratie moderne. À ce niveau là, nous devrions en faire plus encore.
Ce sur quoi porte ma réflexion dans cet article est l’autre versant de la médaille. Non seulement il y a l’explosion d’informations qui nous tombe dessus, par conséquent, nous devons apprendre à les trier et absorber avec modération et réflexion. Ce qui se contente de justifier sa pensée ou son idée en citant une provenance sur internet mérite une méfiance minimum. Vérifier donc la source! Un autre souci est la facilité. Je ne fais évidement pas allusion à la facilité de trouver un document ou une réponse à une question. Je parle ici d’une facilité aux divertissement. Étant donné que les réseaux sociaux font partie de mon quotidien professionnel, je me retrouve devant pleins de divertissements ultra facilement digestibles et attirantes. Une photo hilarante, une vidéo avec des animaux mignons, une personne qui se retrouve dans une situation embarrassante, ou des « influenceurs » (franchement souvent de mauvaise influence) et des stars ou starlettes avec leur chants ou danses de moins d’une minute. Oui, parce que ces plaisirs ou loisirs faciles doivent et ne peuvent maintenir l’attention de leur audience pas plus qu’une poignée de secondes. Au bout d’une minute ou deux, leur « fans » seront déjà partis voir ailleurs. Ces « plaisirs » si faciles d’accès et en quantité illimitée attirent et distraient enfants et adultes dangereusement. Je ne dis bien évidemment pas que nous ne devons jamais nous amuser mais plutôt que nous pouvons nous amuser, distraire différemment et surtout « intelligemment ». Car sans même aller chercher des statistiques précis, nous constatons que l’écran devient une des causes principales pour la dégradation d’acuité, de l’obésité, de difficulté de concentration, la perturbation de sommeil. Chez les vieux enfants et les adolescents, le temps d’écran excessif est relié à une augmentation des difficultés psychologiques, incluant l’hyperactivité et les problèmes d’ordre émotionnels et comportementaux, une augmentation des difficultés sociales ainsi qu’une diminution des performances scolaires. Encore une fois, je ne diabolise pas l’utilisation d’internet ou l’écran, j’attire simplement l’attention sur les aspects négatifs dans l’utilisation. Un propriétaire d’arme n’est jamais synonyme systématique de criminel. C’est l’usage des armes qui est remis en question.
Je ne peux et conseille personne à faire une chasteté numérique. Je n’ai ni le droit ni l’influence pour. J’essaie simplement de vous inciter à réfléchir deux fois avant de passer encore une heure ou dix minutes devant une vidéo que vous n’allez même probablement pas vous en souvenir le jour suivant.
En solution alternative? Selon des scientifiques et mon expérience personnelle, il y en a quand même pas qu’une seule sorte.
— Jouer d'un instrument de musique
Pratiquer un instrument de musique stimule la créativité, améliore les compétences analytiques, l'aptitude pour apprendre une langue, la psychomotricité et développe même la bosse des maths ! Jouer d'un instrument de musique stimule les neurones et cette stimulation est bénéfique directement pour toute autre apprentissage. N’hésitez pas à commencer, malgré toutes les difficultés au début, le plaisir s’ensuivra rapidement. Vous ne serez peut être pas musicien mais cette solution supplémentaire d’expression vous ravira au moment venu.
— lire
La lecture vous procurera les mêmes bénéfices: elle diminue le stress et améliore l'intelligence émotionnelle. Lire n'aide pas seulement à ressentir de l'empathie envers les autres mais améliore aussi la manière dont on aborde et résout les problèmes. La lecture permet aussi de mieux interpréter les informations et de faire des liens entre elles. Comme beaucoup d’enseignants l’expliquent, la difficulté de solutionner un problème est souvent d’abord et avant tout la compréhension de l’énoncer. Qui plus est, si vous êtes assez courageux, je dirais même de faire le bon choix en terme de contenu. Si vous pouvez privilégier en plus de votre centre d’intérêt, les lectures instructives enrichissantes. Comme personne ne peut être bien informée de tout, autant d’en savoir davantage et volontairement.
— Faire du sport
pratiquer une activité sportive, même modérément, mais de façon régulière améliore les connaissances. Les avantages de l'exercice physique sont multiples. Et parmi ses bénéfices, on apprécie grandement l'effet déstressant du sport grâce aux endorphines euphorisantes libérées dans l'organisme lors de sa pratique. Une protéine (connue sous le nom de code BDNF) qui stimule les neurones est aussi libérée. Résultat : une plus grande concentration, une meilleure mémoire et compréhension du monde qui nous entoure. Qui plus est, coté spirituel, lors des séances de course ou de marche, vous allez enfin prendre le temps de vous rendre compte des beautés naturelles qui ont toujours été à votre portée. Et même à l’intérieur, une heure sur une machine en écoutant un sujet intéressant, une musique que vous appréciez, quelle aubaine!
— ou simplement jouer!
Mais oui, nous oublions presque nous pouvions et savions jouer autrement que devant un écran. Un sympathique jeu ludique en famille, à coté du bienfait pour développer nos capacités cérébrales, renforce également à la même occasion le lien familiale. Et surtout cela va sans dire qu’un parent qui arrive à se détacher de son téléphone montre par son exemple à son enfant que c’est POSSIBLE.
Après tout ces dits, avez vous encore le courage de lire un peu plus? Si oui alors, j’aimerais réfléchir avec vous cette fois ci sur un de ces mots clés que l’on vient d’effleurer, loisir. Qu’est ce que loisir?
Loisir, au sens le plus populaire et démocratisé, c’est le temps dont on dispose pour faire commodément quelque chose, au pluriel, temps dont on peut librement disposer en dehors des ses occupations habituelles et des contraintes qu’elle imposent. Occupation, distractions, pendant le temps de liberté. Alors? Cette possibilité de faire des choses. Au sens moderne, temps dont on peut librement disposer en dehors du travail. Comme nous en avons précédemment discuté, le travail indique par défaut la souffrance. Pourquoi encore souffrir après le travail? Au lieu de quoi, se prélasser dans un lit douillet et devant un jeu ou un smart phone qui nous prennent pas la tête? Avec réflexion, je pense que c’est parce que nous ne nous rendons pas toujours compte du manque. Nous essayons simplement de nous voiler la face devant certains problèmes. Ou alors nous nous rendons bien compte du manque mais nous n’aimons naturellement pas fournir de l’effort pour le combler. Ce qui est compréhensible aussi. Ce manque est celui de connaissance, une édification personnelle. Et puis le temps libre qui ne sert qu’à vivre, qui n’est pas dévoré par le travail. Non la paresse ni le repos, mais la disponibilité comme une ouverture au monde et à soi, au présent et à l’éternité. L’espace offert à l’action, à la contemplation, à la culture, à la citoyenneté, à l’humanité. Au pluriel, l’ensemble des divertissements qui permettent de supporter ce temps libre, le plus souvent en payant pour qu’il cesse de l’être. Payant par l’effort (ou/et l’argent) pour ne plus s’ennuyer. Dans ce sens là, nous devons nous rendre compte que ce paiement (en temps ou énergie ou argent) est parfois irrévocable. Le temps que l’on mets sur une vidéo hilarante est le temps que l’on ne peut pas/plus miser sur autre chose.
C’est aussi la raison pour laquelle que je préfère pour décrire au sens générale ce que beaucoup font du délassement et non pas du loisir. Quand on est las, ennuyé d’une situation. Pour la simple raison que si vous faites sans réfléchir, par du temps perdu pour simplement ne pas être ennuyé sur le moment, vous allez inévitablement ressentir une frustration. Un vide. Parce que vous ressentez consciemment ou inconsciemment que vous venez de consacrer (encore) une partie de votre vie à faire des choses dont vous n’êtes pas si heureux que ça de faire.
Si nous pouvons prendre le temps comme il faut et bon il nous semble, nous devons nous le consacrer davantage à nos loisirs et non pas au délassement. Il y a une maison d’édition pour livre de jeunesse qui s’appelle « école de loisir » que j’adore. Rien que le nom, qui nous rappelle qu’autrefois, il y a un endroit qui s’appelait école. C’est un lieu de rassemblement des gens après leur travail, peu importe leur métiers, situation sociale ou les matériels qu’ils disposent. Les gens s’assemblent pour discuter, échanger et apprendre par loisir. Ce n’est ni une école où nous DEVONS apprendre des choses qu’on nous impose, ni un loisir par défaut de ne pas savoir quoi faire, qui se noie dans des plaisirs rapides et faciles d’accès à titre répétitif.
Ce n’est pas mieux avant, parce que nous évoluons. Cela sera certainement meilleur encore demain, si nous évoluons bien sûr. Alors faites vous des loisirs sans modération, en vous délassant si vous voulez.