De l'ignorance à la connaissance

Que sais je? Rien.

De l'ignorance à la connaissance
Photo de MZ

Je constate, à travers mes propres expériences, que plusieurs étapes sont traversées avant de "comprendre". Mon écrit ici a pour but de les retracer et, en cas de besoin, de pouvoir établir un comparatif avec d'autres personnes dont les ressentis sont similaires. Je n'ai absolument pas l'intention de me coller une étiquette de spécialiste quelconque. D'ailleurs, j'en parlerai certainement à un moment donné dans cet article. Il n'est pas nécessaire d'être un grand savant avant de pouvoir se permettre cet agréable exercice de réflexion, une sorte de gymnastique mentale.

D’après André Gide, « La chose la plus difficile, quand on a commencé d'écrire, c'est d'être sincère. » à cela j’ajouterais, tout en gardant la lucidité de réflexion, trouver l’endroit par où commencer. Le bout de fils  qui s’est perdu dans un tas de pelotes en désordre. Oui, car la cognition humaine rejoint sans doute la question de l'origine humaine voire cosmologique. J’ai l’impression parfois que plus on part à la croisade de savoir, plus on se perd sur l’immensité de savoir à découvrir. Il y a bien évidemment cette option de s’avouer « vaincu » car nous détenons tellement peu par rapport à ce que l’univers à nous révéler encore.. Ou avec votre propre conviction scientifique ou religieuse, en répondant respectivement que c'est un tel modèle d'explosion big bang ou "simplement" la main d'un tout-puissant supérieur. Je ne saurais vous rejoindre ni me mettre en votre opposition car si je comprends bien, aucune théorie n'arrive aujourd'hui à mettre le monde entier d'accord et sur la même longueur d'onde. Et puis, au fond, qu'importe à l'égard de cet article. Je ne traite pas depuis le "début", mais à partir de l'instant où j'ai admis de ne pas savoir seulement.


Etape zéro


Commençons. L'étape zéro. Par choix volontaire, j'ai préféré zéro à une parce que c'est l'étape où nous ignorons encore. C'est là où nous sommes dans l'ignorance sans ressentir d’inconvénient de ne pas savoir. Avant tout, nous sommes satisfaits et heureux de notre situation. Nous n’éprouvons pas de manque, et la situation nous convient sans souci. Pas de repère nécessaire pour faire la comparaison et se rendre compte d'une inégalité matérielle ou autre. J'insiste sur le plan matériel et non pas intellectuel, puisque l'infériorité intellectuelle n'est pas visible aux yeux du sujet en question. Paradoxalement, il faut un certain niveau intellectuel afin de pouvoir se rendre compte de son infériorité intellectuelle. Qui plus est, le terme intellectuel est si vague que nous pouvons l'appliquer à autant de sujets que nous le souhaitons sans jamais nous soucier d'espace. Une personne qui est plus érudite en matière de physique peut très bien être bien inférieure dans le domaine de la chimie par exemple. Nous ne pourrons jamais disposer de toutes les connaissances ; par conséquent, nous sommes incontestablement inférieurs à une autre personne sur un certain sujet. Et j'attire votre attention sur le fait qu'une inégalité intellectuelle n'est pas synonyme d'intelligence. Celui qui s'en sert pour dénigrer les autres est un pauvre individu qui n'a encore rien compris de son existence, qui est tout aussi minuscule qu'une fourmi ou un caillou à l'échelle universelle. L'ironie du sort veut qu'en même temps, les humains jalousent plus souvent les autres sur le plan matériel, puisque la visibilité est plus facilement mesurable. Or, une disparité sur le plan de l'accès à l'information engendre des prédispositions intellectuelles dès le plus jeune âge. Cela peut également avoir un impact sur nos capacités cognitives par la suite. En suivant cette logique, dans notre monde actuel, cette différence engendre également une richesse matérielle différente, encore et encore. Par exemple, un enfant né dans un environnement aisé dispose probablement de plus de chances de réussir selon les normes sociétales. Non pas parce que l'enfant est né plus intelligent, même si c'est possible, mais parce qu'il est exposé à plus de matériel dès le départ, que ce soit des livres, des jouets, ou même un accompagnement. Bien que cet accompagnement ne soit pas toujours parental, car les parents qui ont les moyens peuvent déléguer et le souhaitent probablement également. Volontairement ou contraints de le faire, ils doivent tout mettre en œuvre pour rester au sommet et faire en sorte que leur progéniture aussi reste parmi l'élite. Le fils du roi lion sera le successeur du trône. La monarchie n'existe plus dans toutes les sociétés modernes, mais cette passation n'en reste pas moins flagrante et courante. L'enfant en question ira, à l'âge approprié, dans les "meilleures" écoles et institutions, de la maternelle à l'université en passant par le primaire et le collège. Ce parcours glorieux lui ouvrira de "bonnes portes" pour qu'à son tour, il puisse entrer dans le cercle de l'élite.

Je tiens tout de même à préciser trois points importants dans tout cela. Tout d'abord, le titre de "fils de" ne garantit pas nécessairement de bons résultats scolaires, même s'il aura naturellement moins d'obstacles sur son chemin déjà balisé. Ensuite, le terme "réussite sociale" doit être considéré avec précaution. Je n'entends par là qu'une reconnaissance majoritaire, et absolument pas aux yeux de tout le monde. Enfin, malheureusement, cette réussite n'est pas non plus nécessairement synonyme de bonheur, encore une fois, pas aux yeux de tous. La réussite sociale s'entend ici au sens commun et large, c'est-à-dire, l'obtention d'un poste de travail rémunéré au-dessus, voire largement au-dessus, du salaire moyen du moment. À noter qu'en 2022, selon les chiffres de l'Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE), le salaire moyen en France est de 2 340 euros nets par mois, soit 39 300 euros bruts par an. Toutefois, il est important de noter que le salaire moyen en France varie en fonction de plusieurs facteurs, comme la taille de l'entreprise dans laquelle vous travaillez. Par exemple, le salaire moyen brut atteint 2 439 euros par mois en 2015 pour les entreprises comptant moins de dix salariés, contre 3 376 euros pour les entreprises de 500 salariés (information recueillie sur le site de business-cool.com). Il est donc clair que le terme "salaire moyen" a perdu sa signification intrinsèque de nos jours. Lorsque nous incluons dans notre calcul les revenus les plus élevés avec ceux qui sont dans la précarité, la moyenne pondérée ne reflète plus fidèlement une réalité significative. Autrement dit, pour ceux qui disposent des moyens intellectuels et qui raisonnent au-delà de leur propre bien-être, cette soi-disant réussite sociale ne signifiera plus qu'une situation reconnue et désirée par la majorité. D'ailleurs, le mot "réussite" ne signifiait en latin que d'être révélé, sorti. Cela pouvait tout aussi bien être une issue positive ou négative. Et j'apprécie particulièrement cette origine car ce qui est bon pour les uns n'est pas nécessairement bon pour les autres. Il est évident qu'un confort matériel minimum est essentiel dans le monde d'aujourd'hui. Une personne qui souffre en subvenant à ses besoins essentiels aura du mal à défendre sa dignité. Un corps en état d'hypoglycémie ne dégagera pas l'énergie nécessaire pour réfléchir à des sujets philosophiques.

Enfin, le dernier point concerne le bonheur. Je vais éviter, dans cet article, une discussion prolongée sur ce qu'est "être heureux", car bien évidemment, chacun a son opinion, et surtout, personne ne devrait imposer la sienne comme standard. En résumé, je fais allusion à l'épanouissement professionnel et personnel. Lorsque l'on assume des responsabilités importantes, que ce soit dans une entreprise ou une autre structure, une rémunération élevée s'accompagne toujours d'une responsabilité conséquente. Bien qu'un dirigeant d'entreprise ne réalise pas à lui seul les résultats (positifs ou négatifs), il lui revient toujours la tâche de rendre des comptes auprès des actionnaires, des investisseurs et de ses pairs. Il n'est donc pas facile de faire la distinction entre l'accomplissement de son devoir, l'exécution des tâches inhérentes à son poste et le bonheur de le faire. Ce problème se pose à tout le monde, quel que soit son niveau de revenu.


Etape une


Revenons à notre axe de réflexion. Mettons de côté les prédispositions de chacun parmi nous. Nous commençons en tant que simples ignorants de tout besoin supplémentaire. Nous nous contentons de vivre et de survivre. Alors que se passe-t-il lorsque les besoins essentiels sont assouvis ? Nous nous rendons compte, à ce moment-là, du manque. Les besoins non nécessaires mais utiles entrent en scène. Nous prenons conscience du manque de connaissance. Car c’est ce manque qui nous différencie, et la différence de connaissance se traduira par le manque matériel.

D'abord, il y aura probablement la recherche d'un surplus de production, les moyens de consolider les acquis, une réserve qui préviendrait en cas de coup dur éventuel. Et logiquement, l'idée d'échanger notre surplus de produits contre des biens que nous ne savons pas encore comment obtenir peut germer. Ne plus se contenter ou être satisfait de notre situation nous pousse à vouloir acquérir de nouvelles compétences et savoir-faire.

Ce changement peut être actif ou passif. Dans un cas passif, quand une situation devient difficilement ou pas du tout acceptable, il y a ceux qui ne veulent pas changer, car tout changement est nécessairement synonyme d'effort. Ils peuvent ne pas vouloir en fournir sur le moment et constater par la suite que cela devient trop tard. Ils peuvent aussi, comme détaillé précédemment, ne pas savoir comment s'y prendre. À l'instar de l'extinction des dinosaures et de nombreuses autres espèces, quand le climat devient difficilement viable, il y a des espèces qui ont su s'adapter et évoluer, donc survivre. Les autres n'existent plus que dans les manuels d'histoire. C'est la théorie fondamentale de l'évolution.

Dans un cas actif, des survivants s'adaptent. Ils savent tirer profit d'une situation qui est fatale pour beaucoup d'autres. Pendant la crise sanitaire de la Covid-19, de nombreuses entreprises de toutes tailles ont mis la clé sous la porte, environ 31 000 en France selon le Ministère de l'Économie en 2020, et près de 40 000 en 2022, même après les mesures d'urgence de l'État. Cependant, pendant cette même période, certaines entreprises ont vu leur valeur augmenter considérablement.

Voici la liste des entreprises qui ont su tirer le meilleur parti de cette période :

Augmentation de la capitalisation boursière au premier semestre 2020 :

  • Amazon (commerce en ligne) // +401,1 milliards de dollars
  • Microsoft (informatique) // +269,9 milliards de dollars
  • Apple (informatique) // +219,1 milliards de dollars
  • Tesla (automobile) // +108,4 milliards de dollars
  • Tencent (jeux vidéo) // +93 milliards de dollars
  • Facebook (réseau social) // +85,7 milliards de dollars
  • Nvidia (informatique) // +83,3 milliards de dollars
  • Alphabet (informatique) // +68,1 milliards de dollars
  • PayPal (paiement en ligne) // +65,4 milliards de dollars
  • T-Mobile (télécommunication) // +59,7 milliards de dollars
  • Pinduoduo (commerce en ligne) // +55,2 milliards de dollars
  • Netflix (plateforme de streaming) // +55,1 milliards de dollars
  • Meituan Dianping (commerce en ligne) // +53,6 milliards de dollars
  • Shopify (commerce en ligne) // + 51,4 milliards de dollars
  • Zoom vidéo (informatique) // +47,9 milliards de dollars
  • JD.com (commerce en ligne) // +44,3 milliards de dollars
  • Adobe (logiciels) // +40,1 milliards de dollars
  • Audi (automobile) // +37,8 milliards de dollars
  • AbbVie (informatique) // +37,7 milliards de dollars
  • Kweichow Moutai (boissons) // +35,5 milliards de dollars

(Source : novethic.fr)

Il faut cependant rester lucides sur un point. Pendant cette même crise qui n'a pas touché tout le monde de la même manière, les "vainqueurs" ne doivent pas leur réussite uniquement à leur bonne volonté. Tous les entrepreneurs, sauf exception, ont affirmé vouloir s'en sortir. Ceux qui n'ont pas réussi ne le doivent pas uniquement à un manque de motivation, du moins pas au début. Car tout le monde ne détient pas les mêmes informations. L'obtention ou la possession de la bonne information au bon moment est clairement primordiale dans la prise de décision de chaque acteur économique. Comment se rendre compte du manque ? Et comment trouver la bonne clé ? À ce moment où le manque est réalisé, un défaut est constaté, il y a encore deux types de réactions.

Certains se rendent compte du manque (de connaissance, de compétence, de savoir-faire). Ils ont envie de pallier ce défaut, mais ils n'agissent pas par manque de persévérance, de courage, de motivation, etc. Nous pouvons donc dire que le besoin n'est pas réel ou suffisamment pressant encore. Ou alors, nous pouvons estimer que ces sujets font toujours partie de l'étape précédente, celle de ne pas être conscient du manque. Nous ne pouvons pas progresser ou évoluer si nous ignorons qu'il y a du progrès à faire.

D'autres agissent. Dès lors qu'un manque se fait sentir, parfois avant qu'il ne soit avéré, ils partent à la recherche des moyens appropriés à employer. Peut être parce qu’ils disposent des informations que d’autres n’en ont pas. Peut être ils sont dotés de compétences que les premiers en font défaut. En tout cas, ces derniers sont plus réalistes sur la situation et se rendent plus compte du manque et vont chercher comment le combler. Attention de ne pas juger hâtivement sur le plan moral, car il n’est pas de ma réflexion ici.


Etape deux



Et voici la deuxième étape qui apparaît. Pour rappel, entre ignorance et connaissance, il y a eu la première étape : je ne sais pas que j'ignore, et j'en suis satisfait. Puis l’étape suivante: j'ai compris qu'il me faut plus, je manque de connaissance, et je veux y remédier. Comme les deux étapes précédentes, cette troisième comporte également, selon moi, plusieurs types de réactions possibles.

Soit on se lance avec beaucoup de volonté, mais sans méthodologie, dans cette mer moderne d'informations. Ce qui est forcément louable pour son courage. Mais le bon résultat espéré ne sera sans doute pas au rendez-vous à l'arrivée. Du coup, il y a peu de différence avec celui qui ne réalisait pas son manque en termes de finalité. Le monde d'aujourd'hui nous expose à une multitude d'informations, facilement accessibles. Que ce soit une recette culinaire, un objet sophistiqué, voire un projet bien plus complexe qui demandait une formation spécifique il y a quelques années, tout peut être à notre portée. Il est impératif de savoir où les trouver et comment les trier. Les moteurs de recherche sont tellement puissants que n'importe quelle requête peut générer des milliers et des milliers de réponses possibles, et ce en moins d'une seconde. Des images, des photos, des lignes, voire des vidéos qui cherchent toutes à m'expliquer gentiment en long et en large comment y répondre. Cependant, s'il ne s'agit que d'une recette pour se faire plaisir à la maison, nous pouvons supporter toutes les conséquences possibles. Néanmoins, si je suis toutes les recettes qui me sont proposées, je ne mangerais probablement plus qu'un seul plat pour le reste de ma vie. Alors que faire ?

Il faut donc :

  • Bien comprendre ce dont nous avons besoin. Identifier explicitement notre besoin, notre manque de savoir ou de connaissance.
  • Chercher auprès de sources fiables.


Cela demande d’ores et déjà une certaine compétence, et la différence parmi tout ceux qui se rendent compte, et qui veulent le combler, et qui le font méthodiquement n’arriveront certainement pas tous au bon port.


  • La différence de disposition par rapport à l’accès aux information.
  • Les moyens intellectuels et matériels disposés pour faire le tri et l’exécution par la suite


Plus nous avançons dans cette logique, plus le mot élite aura son sens. C’est un parcours en forme pyramidale et à chaque étape franchie, nous perdons des prétendants.


Etape trois



Admettons qu'une personne qui ne savait pas (étape une) se rende compte de son manque de connaissance (étape deux) et qu'elle s'efforce de remédier à cette lacune avec méthodologie (étape trois). À ce stade de la réflexion, je rencontre deux types de sujets :

Il y a celui qui s'intéresse à un champ de sujets vaste. Il est indéniable que ces personnes savent "beaucoup" de choses, et souvent même des choses très intéressantes. Elles conservent leur curiosité enfantine en grandissant et peuvent tout aussi bien se pencher sur une recette exotique que sur l'origine du monde selon le courant bouddhiste tibétain. Malheureusement, le revers de la médaille réside dans leur volatilité et leur versatilité. À peine engagées dans un sujet, l'envie de papillonner devient insistante. En résumé, elles sont capables de ressentir un manque et ont la capacité intellectuelle d'aller chercher certaines réponses à leurs questions. Cependant, le défaut de persévérance fait en sorte qu'elles ne s'immergent jamais réellement dans le sujet. Au final, elles savent un peu de tout, mais pas grand-chose sur chaque sujet. De plus, ces mêmes personnes ont souvent tendance à prendre les bribes d'information qu'elles ont obtenues pour argent comptant.

Il y a bien sûr aussi ceux qui parviennent à rester longtemps sur un même sujet, à l'approfondir autant que possible. Dans ce cas, il est essentiel de savoir éviter le piège de l'excès. C'est-à-dire qu'avec l'abondance d'informations, il faut savoir s'arrêter. Heureusement, il n'y a pas de limite aux domaines de connaissance, mais malheureusement, il y a suffisamment de connaissances pour occuper tout notre temps sur Terre. Ne pas se perdre dans l'infini permettra paradoxalement une meilleure compréhension et une connaissance plus approfondie. Qui plus est, plus nous en apprenons, moins nous aurons envie de nous vanter inutilement. Au fond de nous, nous réaliserons combien peu nous savons, et ainsi, toute vanité perdra son sens.


Etape Quatre



Maintenant, nous savons ce qui nous manque, et nous nous efforçons efficacement de remédier à ces lacunes tout en maintenant cette lucidité constante selon laquelle nous ne pourrons jamais tout savoir. Il est essentiel de noter que ce dernier point ne doit pas être une excuse pour ne pas essayer d'approfondir nos recherches et de satisfaire cette soif de savoir insatiable de manière positive. Il s'agit ici d'une limite délicate à naviguer, entre la conscience que nous continuerons à apprendre toute notre vie et l'acceptation que nous ne saurons jamais tout, donc il faut savoir "s'arrêter" à un certain moment.

Il est nécessaire de nous concentrer sur un nombre limité de sujets.

Nous devons également approfondir autant que possible, dans la mesure du raisonnable.

Enfin, à cette étape, il est important d'essayer de digérer et d'absorber ces connaissances afin qu'elles deviennent les nôtres. "La pensée exige la maîtrise de soi, l'objectivité, et une vision large" - traité du caractère d'Emmanuel Mounier. Cette citation souligne la grandeur des connaissances universelles. N'ayons jamais peur d'être comme des enfants face à ce vaste monde. Notre existence par rapport à celle de la Terre est minuscule, et il va sans dire que par rapport à l'univers, que nous ne comprenons toujours pas complètement, nous sommes encore plus insignifiants. "Nous ne pouvons voir qu'avec nos propres yeux. Même à l'âge adulte, l'objectivité est un leurre" - L'année du lion de Deon Meyer. Cette citation nous rappelle qu'une objectivité absolue est illusoire, car aucun bébé à la naissance ne donnera un avis sur quoique ce soit. Ce n'est pas parce que le bébé ne maîtrise pas encore la faculté d'expression, mais parce que notre connaissance n'est pas innée. Nos réflexions sont inévitablement le produit de nos expériences, de nos observations, de nos apprentissages et de nos interactions, entre autres. C'est notre interaction avec le monde extérieur qui façonne notre être.


Etape cinq


Selon moi, l'étape ultime consiste à oublier. Nous avons documenté nos pensées et acquis des réponses jusqu'à une certaine limite, même si ces réponses sont conditionnées par l'environnement, l'époque et l'état actuel de l'avancement scientifique. Dans n'importe quelle culture, il y a toujours eu des croyances fermes qui, avec le recul, semblent naïves. Le géocentrisme, la gravité, l'espace, ainsi que de nombreux phénomènes naturels de jadis que nous n'avons pas su expliquer scientifiquement. Qui peut dire que la science future ne fera pas un jour marche arrière pour nous démontrer le contraire ? En résumé, il ne faut pas avoir peur de se tromper. Ce qu'il faut préserver, ce n'est pas tant les croyances, mais le désir de croire et les efforts pour en savoir davantage.

Le mot-clé de cette dernière étape est la réflexion. Il faut réfléchir tout en gardant l'esprit ouvert à toutes les possibilités les plus improbables. L'univers est en perpétuel mouvement, et nos pensées doivent l'être aussi.


Au commencement, nous ne savions rien. Et au fur et à mesure que nous nous mettons sur la voie de savoir, nous devons rester humble par rapport à l’immensité du reste à savoir. Il est bon de vouloir savoir, hélas nous ne saurons jamais tout. Et puisque nous ne saurons pas tout, pourquoi ne pas approfondir autant que l’on pourra du peu que nous pouvons, avec méthodologie et une faim de loup, sans aller jusque’à l’excès. Au bout du compte, que savons nous au juste, j’ai envie de dire presque RIEN, si nous perdons la faculté de réfléchir. Alors oublions par moment de ce que nous savons déjà et remettons nous à faire de la soustraction, comme si nous ne savons rien et recommençons.


Une phrase que j'apprécie du grand maître Étienne Klein est la suivante : "Nous pouvons et devons remettre en question les scientifiques, mais pas la science." Continuons donc à chercher à comprendre en réfléchissant, dans le but d'oublier et de continuer à réfléchir.