2021/10/21
Comme une furieuse bête surgissant du pénombre, l’orage a traversé des ruées menaçantes depuis l’on ne se souvient presque plus combien de temps. Ses sueurs fouettent les volets, les fenêtres, les clôtures, les toits et le sol sans aucune pitié. Ces derniers geignent comme des faibles vaincus. Ferais je mieux qu’eux ? Sous une telle emprise hystérique , les jeunes branches de laurier protestent tant bien que mal. Des pattes crochues invisibles les saisissent et secouent comme par vengeance et jalousie. Une vielle sorcière qui refuse d’accepter ses apparitions éphémères sur scène contre ces éternelles verdures pendant quasiment les quatre saisons.
Les bouteilles vides oubliées depuis une semaine au bord du balcons tombent et brisent en morceaux. Comme un bout de vague projeté violemment sur les rochers. L’éclaboussure fracassante réveille la nuit cependant ne calme point la fureur de l’orage.
Tout cela continue et perdure, jusqu’à l’aube. Enfin, n’est ce pas naturel que l’aube nous apporte plus de lumières? En l’occurrence, j’ai quand même cette pitoyable impression que l’aube, par la même appréhension que nous, n’ose guère pointer son nez. En tout cas, de façon visible.
Il est temps que je me lève. La journée et la routine ne toléreront pas d’oisiveté. La bête grogne de plus belle. Oui, je sais qu’elle m’attend dehors. Elle me cinglera quand je sors. Ce qu’elle ignore, est que je m’en réjouis par avance. Car malgré moi, je demeurerai là, pas elle, jusqu’à son prochain retour.